CHAPITRE VII
Les prieurs et curés d’Agrès
Sous l'ancien régime, nos paroisses rurales avaient une organisation assez différente de celle d'aujourd'hui; elle tenait surtout à la manière dont étaient établis les revenus temporels destinés à l'entretien du clergé, du culte et des œuvres. Assez souvent, à la suite de donations et d'anciennes conventions, la paroisse était unie à un monastère. L'abbé nommait toujours les religieux de son abbaye aux paroisses qui en dépendaient; l'évêque diocésain donnait l'institution canonique, c'est-à-dire les pouvoirs. Les incidents dramatiques de la visite de François d'Estaing à Conques, en 1516, laissent entrevoir l'âpreté avec laquelle le monastère défendait ses privilèges et son autorité contre les prétentions de l'évêque de Rodez. L'église d'Agrès fut unie au monastère de Conques le 8 avril 819. Furent mises sous la même dépendance, celles de Flagnac le 23 août 838, et celle de Livinhac en mars 924. Pons d'Etienne, évêque de Rodez, donna au monastère de Montsalvi, en septembre 1081, les églises de Saint-Parthem, Saint-Santin de Rouergue, Aubin, Vialarels (Decazeville), Viviez, Saint-Michel et sa chapelle du Mas-Dieu, etc. (1). Le prieuré d'Agrès fut longtemps régulier, puisque son union au monastère de Conques en 819, par Louis le Débonnaire, fut encore confirmée en 1245 par une bulle d'Innocent IV. Dans la seconde moitié du siècle XIIIe ou au cours du XIVe, dut avoir lieu quelque transaction entre le monastère et l'évêché, car au début du XVe, le prieuré d'Agrès se trouve en dépendance directe de l'évêque de Rodez lequel, en conséquence, en nomme librement le titulaire. Nous ne pouvons fournir de longs détails sur les anciens prieurs ou curés de ces temps éloignés. En donner la liste parfois lacuneuse ne manque pas d'intérêt : tant pis si l'énumération parait un peu sèche. A des degrés divers ils ont servi Notre-Dame de Gironde. Quelques-uns ont laissé un nom digne de notre attention, et entre leurs mains, l'héritage à transmettre aux générations futures a notablement prospéré. Le 24 mai 1405, l'évêque autorise Bernard de Masac prieur d'Agrès à permuter avec Jean de Manso, maître ès-arts, bachelier en droit canon (in decretis), recteur de Sancti Ylarii in Insulis, diocèse de Carcassonne (Arch. dép. G 151, fol. 73). Le 15 mars 1414, Jean de Manso, détenteur d'un canonicat de l'église de Castellione, supra Lupam, diocèse de Sens, et de la chapellenie perpétuelle à l'autel de Saint-Agnan, dans l'église de Nevers, est autorisé à permuter avec Amblard Beyrinie, détenteur de l'église paroissiale de Vitto ou Vicco (G 151, fol. 172P°).
(1) D'après Bosc, l'acte serait daté de 1087. Nous adoptons la date de 1081, donnée par Bonal en toutes lettres, et maintenue par Gallia christiana, édition Palmé 1870, tome 1, colonne 205.
Le 14 mars 1415, l'évêque confère à Jean Beauvays, clerc du diocèse de Clermont, l'église d'Agrès vacante par résignation d'Amblard Beyrinie (G 151, fol 182). Le nouveau titulaire était encore chez nous en 1420. Le 17 mars 1443, Bertrand Richard, prieur d'Agrès, permute avec Pierre Falvel, prieur de Notre-Dame du Château, près Conques (G 152, fol. 20) ; le ministère de celui-ci, originaire de Puechlascases, prend fin en 1476. Il est remplacé par autre Pierre Falvel, probablement son neveu, qui est encore prieur en 1495. En 1499, le prieur se nomme Pierre Calmette. La rareté des documents et surtout la similitude des noms et prénoms de nos prieurs pendant tout le XVIe siècle ne permettent pas d'en donner la liste exacte. Nous relevons seulement des Jean Fauvel en 1544, 1552, 1564, 1573 et 1609, époque où mourut le dernier. Vraisemblablement, ils étaient originaires de Puechlascases ou de La Bastayrie, de la paroisse. D'après un ancien document, « de 1609 à 1627, il n'y eut à Agrès aucun prieur .en ladite esglise, la vérité estant que le bénéfice feust teneu durant tout ce temps là par des personnes laïques et gentilshommes du voisinage qui faisait faire le service par de pretres et vicaires gagés et leur faisoit signer corne ayant charge de prieur sans le nommer ny en désigner la personne... Ledit bénéfice estoit vaquant et entre les mains de personnes laïques. L'église d'Agrès était viduata pastore », c'est-à-dire veuve de pasteur. C'est encore l'époque des guerres de religion, avec la confusion et les compétitions dans le régime paroissial. Ainsi s'expliquent la fréquence des changements et la brièveté du séjour de quelques prieurs dont les noms suivent. Amans Cabanials, ayant résigné ses fonctions, l'évêque le remplace, le 2 juillet 1614, par Jean de Cat, chanoine de la cathédrale de Rodez (G 205, fol. 44). Le 6 septembre de la même année, Jean de Cat permute avec Géraud Flory, prieur de Saint-Cyrice et Sainte-Julitte de la Raffinie (G 205, fol. 55). Le 8 septembre 1622, visa du prieuré, vacant par résignation de Géraud Flory pour Jean Malbert, prêtre du diocèse; la signature en cour de Rome est du 5 des nones de juillet (G 213, fol. 41-42). Le 29 septembre de la même année, visa du prieuré, vacant par décès de Géraud Flory, pour Pierre Jouery, clerc du diocèse ; signature en cour de Rome du 6 des ides de juillet (G 213, fol. 46). Le 11 juillet 1623, visa d'une signature en cour de Rome portant provision du prieuré détenu irrégulièrement par Antoine Vinhal et Jean Malbert pour Pierre Arnald, Prêtre du diocèse (G 214, fol. 40). En 1631, Jean Julien, né au village de Rozières, paroisse de Noalhac, remplace Pierre Jouery. Malgré Jean Blanq, compétiteur, le 4 janvier 1642, Jean Julien demeure prieur jusqu'en 1645 et meurt à Agrès le 25 août 1658. Le 4 mai 1645, visa du prieuré, vacant par résignation de Jean Julien, pour Antoine Gourdes. Signature en cour de Rome du 6 des calendes de mars (G 234, fol. 99). Il a pour compétiteur Bertrand Joulia, originaire d'Agnac, qui obtient un visa du 3 juin 1645, d'une signature en cour de Rome du 15 des calendes de décembre 1644 (G 234, fol. 106). Antoine Gourdes, résidant à Crespin, dont il était recteur, le service de notre paroisse est assuré par Jean Julien susnommé. Le 11 août 1648, Pierre Boyer prend possession du prieuré résigné en sa faveur par Antoine Gourdes. Le nouveau titulaire, originaire de La Sabaterie, paroisse de Lavergne de La Salvetat, était domestique du seigneur de Sanvensa et servait à sa table « et ne print le parti de l'esglise que lhors qu'on luy fist espérer le bénéfice d'Agrès... qu'il auroit heu…par le ministère » de Gaspard de Felzins, seigneur de Gironde. Mais n'étant pas encore prêtre, Jean Julien assura une fois encore pour quelque temps le service paroissial. Pierre Boyer, démissionnaire en 1691, mourut à Agrès le 2 juin 1702, et fut inhumé le lendemain dans l'église. Simon Boyer, son neveu, originaire lui aussi de La Sabaterie, fils de Mathieu et de Marguerite Landier, prit possession, en 1691, du prieuré résigné en sa faveur Aar son oncle. Le 18 juin 1729, par devant Delors, notaire, il démissionne en faveur d'autre Simon Boyer, son neveu, sous la réserve d'une pension annuelle de deux cents livres. Il le fait son héritier par testament du 21 avril 1736, et meurt le 5 mai, à l'âge de soixante-douze ans. Enseveli le lendemain dans l'église d'Agrès, en présence de Jean Antoine Daldin de Vinnac, curé de Flanhac, Antoine Belard, vicaire de Saint-Julien de Piganhol, Antoine Fourgous, vicaire de Saint-Santin, et Antoine Vernet, chapelain de Pagas. Le 19 janvier 1730, quoique récusée en cour de Rome, l'Ordinaire accepte la résignation, en faveur d'autre Simon Boyer, parent des précédents, en vertu des privilèges de l'église Gallicane (1) et d'un arrêt du Parlement de Toulouse du 4 janvier (G 269, p. 83). Originaire également de La Sabaterie fils de Pierre et de Jeanne Pelat, docteur en théologie. Par testament du 13 avril 1742, il lègue à sa mère vingt-quatre livres, et institue pour héritier Antoine Vernet, chapelain au château de Pagas. II meurt le 22 avril, à l'âge de quarante-deux ans. Inhumé dans l'église en présence d'Antoine Vernet susnommé, Antoine Fourgous, curé de Saint-Santin, et de Jean de Seguy, vicaire d'Agrès, né à Magerac paroisse d'Almont, d'une famille de très ancienne noblesse originaire de La Séguinie, paroisse de Saint-Parthem.
(1) Doctrine favorisant, en matière ecclésiastique, l autorité du roi et des évêques et réduisant celle du Saint-Siège.
Le 25 avril 1742, l'évêque nomme Joseph Joulia (G 274, p. 213). Né à Agnac, docteur en théologie, précédemment vicaire à Galgan et à Flagnac. Sa sœur Marguerite épousa Pierre Boscus. De ce mariage furent issus notamment : Jean-Joseph, vicaire à Naussac, et Joseph-André, vicaire à Saint-Julien de Piganiol, guillotinés pour la foi, le 3 juin 1794, sur la place du Bourg, à Rodez. Décédé le 10 janvier 1762, âgé de cinquante-quatre ans. Le 11 janvier 1762, l'évêque nomme Félix Ferrieu, bachelier en droit canon de la Faculté de Paris (G 282, p. 53). Originaire de Laissac, il s'y retiré après démissionné le 29 septembre 1783. Cette paroisse était desservie, à la Révolution, par Jean-Pierre Tassier, curé, et Pierre Causse, vicaire, qui, le 13 février 1791, prêtèrent le serment constitutionnel (loi du 26 décembre 1790). L'ex-curé d'Agrès n'était pas astreint à ce serment, mais il était soumis à celui de Liberté et Egalité du 15 août 1792, à titre de pensionné d'Etat ; il le prêta le 15 octobre. Ayant été dénoncé, le 14 janvier 1793, pour cause d'incivisme, il adresse, le 19, aux administrateurs du district de Séverac la pétition suivante : « Félix Ferrieu, 70 ans, né et habitant de la commune de Laissac, expose : Depuis dix ans, il vit retiré dans sa chambre; il ne dit que la messe; quand le curé et le vicaire de Laissac furent partis, la municipalité le pria, sous toute garantie écrite, de faire-quelques sépultures et quelques baptêmes, ce qu'il a fait, croyant que la municipalité pouvait le requérir pour cela. Cependant, il vient d'être dénoncé et, accablé d'années et d'infirmités, il se voit sur le point d'être déporté et périr dans son voyage, si la municipalité n'a pas compassion de lui… En obéissant à la municipalité, il n'a pas cru encourir la haine de ses concitoyens. Vu la réquisition de la municipalité, que le district jette un œil favorable sur le triste sort de l'exposant et rejette la dénonce, œuvre de malice et d'imposture; ils lui conserveront la vie ». Le même jour, « le conseil général de la municipalité du bourg de Laissac et partie des habitants, réunis au son de la cloche, certifie les raisons exposées en ladite pétition vraies; depuis dix ans, pas de fonction publique; à la prière de la municipalité, quelques sépultures et baptêmes seulement : toujours bon patriote et soumis aux lois, sans propos incendiaires; la dénonce est œuvre de méchanceté, de malice et d'anarchie, ne méritant aucun égard ». Le 24 janvier 1793, « Vu la pétition de Félix Ferrieu prêtre, la rétractation faite par les six citoyens dénonciateurs, la délibération de la commune de Laissac qui atteste son civisme, et qui certifie encore que le pétitionnaire s'est toujours abstenu de toute fonction publique, le directoire est d'avis, que le dit Ferrieu doit être exempté de la peine prononcée par la loi du 26 août 1792 ». Le 20 mai 1793, l'ex-curé d'Agrès renouvelle au bourg de Laissac le deuxième serment « pour donner une nouvelle preuve de sa soumission à la loi du 15 août 1792 ». Le 29 messidor an II (17, juillet 1794), devant la municipalité de Laissac, il déclare vouloir exercer le culte catholique, et requiert acte de sa soumission aux lois, sans exception (Arch. dép Série L, District de Sévérac, Clergé). Félix Ferrieu mourut le 17 thermidor an XIII (5 août I805). Le 9 janvier 1784, visa du prieuré-cure de Saint Saturnin d'Agrès, vacant par résignation de Félix Ferrieu pour Etienne Martin, prêtre « chorier » de la cathédrale (G 295, p. 199). Fils d'Amans et de Marie Aquié, de la paroisse de Moyrazès : ordonné prêtre à Vabres le 19 décembre 1780 (G 300, fol. 34"). Docteur en théologie. La Constitution Civile du clergé fut votée le 12 juillet 1790, d'après laquelle les évêques ne devaient plus être nommés parle pape, ni les curés par les évêques, mais les uns et les autres par les électeurs même non catholiques. On eut alors le clergé constitutionnel ou assermenté, et le clergé insermenté ou réfractaire. A la date du 1er mai 1791, le district d'Aubin n'avait rien reçu de la paroisse d'Agrès au sujet de la prestation du serment d'Etienne Martin. On sait toutes les conséquences que pouvait entraîner ce refus : l'incarcération, la déportation ou le martyre. L'effervescence populaire dans notre région donna lieu à la délibération suivante : « Du 20 septembre 1792. Les administrateurs composant le conseil du district d'Aubin assemblés, un des membres prenant la parole a dit : Messieurs, jusqu'ici nous avons joui des douceurs de la paix, mais l'obstination funeste des prêtres à refuser leur serment, semble avoir préparé à ce district un temps d'orage. Déjà, nous avons vu certaines personnes composées en assemblée, après avoir, à la vérité, prévenu la municipalité, appeler au public par un espèce de tocsin, et devenir la source du désordre. Les esprits malheureusement trop fanatisés, pourroient bien se porter à des excès; il seroit difficile d'arrêter un premier essor pris par des citoyens aux yeux des quels le fanatisme consacrerait toute entreprise contre l'exécution de la loi du 26 août dernier. Je vous prie, Messieurs, de délibérer sur les moyens à prendre dans le moment présent. Sur quoy, le procureur sindic entendu, il a été unanimement délibéré que le conseil du département seroit prié d'envoyer une compagnie de volontaires, ou du moins cinquante hommes pour y séjourner jusques à ce que le conseil puisse se promettre de maintenir l'ordre et la tranquillité en employant les mesures ordinaires. Délibéré en conseil à Aubin le 22 septembre 1792, l'an IV. De la liberté, Fualdès secrétaire » (Arch. dép. L, District d'Aubin. Délibérations). Pendant toute la tourmente révolutionnaire, le curé d'Agrès continue l'exercice de son ministère et « empêche qu'aucun prêtre constitutionnel ne vienne élever autel contre autel ». Vivant dans une continuelle angoisse, pratiquant toutes les finesses d'une tactique dont l'enjeu est sa liberté et peut-être sa vie, il se cache le jour, ne se hasarde à sortir que la nuit, change sans cesse de domicile et de déguisement. Il s'entoure de précautions pour baptiser à domicile, administrer un mourant. Pour offrir le Saint-Sacrifice, il organise en discret sanctuaire une chambre ou une grange, et autour d'un autel improvisé, convoque furtivement quelques Fidèles dont aucune cloche ne scande plus les occupations extérieures ni la vie chrétienne. Le Livre de paroisse qui garde les noms des trois maisons alors hostiles au clergé, conserve aussi ceux de trois familles auprès desquelles le curé d'Agrès trouva un inlassable dévouement: Bouyssou, de Fraux; Delbosc, de La Vinhale ; Laborie, du Noyer. Le choix du village de Fraux était heureux, par suite de sa situation topographique. Eloigné des grandes routes, le maquis des chemins permettait de dépister les recherches malveillantes. La maison Bouyssou donnait l'hospitalité « non seulement à son pasteur, mais à taus ceux qui y allaient; dans la grange... il y avait un endroit caché, et, dans la surprise, une issue à la dérobée ». Non loin de là, aux flancs sauvages d'une montagne abrupte, une excavation offrait aux proscrits un refuge insoupçonné. C'est là que le curé d'Agrès et son vicaire Hygin Raynal se reposaient des dangers courus et reprenaient des forces avec la nourriture dissimulée dans la blouse d'un berger. Les descendants de cette admirable famille ont conservé longtemps un surplis et montrent encore une timbale en étain qui aurait servi de calice, La maison Delbosc, de La Vinhale, avait l'avantage de se trouver à peu de distance de la chapelle de Gironde. Le curé d'Agrès et quelques prêtres insermentés y célébraient, la messe pendant la nuit devant une assistance discrète. La solitude, les ténèbres, l'appréhension d'être découverts durent leur rappeler maintes fois les persécutions, de l'Eglise naissante et les réunions silencieuses des Catacombes. Enfin, Etienne Martin célébrait les saints mystères chez la famille Laborie, du Noyer, établie au pied du roc escarpé de Gerle dont les anfractuosités présentaient un refuge assuré. La tradition rapporte qu'une ouverture dissimulée dans le plancher de la cuisine et donnant accès à une grande cuve de la cave aurait permis un jour au curé d'Agrès d'échapper aux perquisitions des sbires révolutionnaires. Une telle existence, avec la tension constante des forces physiques et de l'énergie morale devait être, à la longue, épuisante. Etienne Martin n'en traversa pas moins la période révolutionnaire, et continua à desservir 1a paroisse, après le Concordat, entouré de la vénération qui s'attache à la dureté de l'épreuve et à l'accomplissement héroïque du devoir. En 1809, il se retire à La Reveyrolie, paroisse de Sénergues, où il meurt l'année suivante. A Etienne Martin succéda Michel Delclaux, né à Calvance, paroisse de Noalhac, le 26 septembre 1757. Prêtre le 20 décembre 1783. Vicaire à Montbazens 1790-1795 vicaire régent, puis curé de La Besse-Noits 1795-1801; curé de Sénergues 1801-1809. Nommé curé d'Agrès en 1809. Il était le frère de trois prêtres : en 1782, Pierre-Jean était curé d'Estables de Rendon, diocèse de Mende; Joseph, curé de Vallon, diocèse de Viviers; Gaspard, vicaire à Rignac. D'après le Livre de paroisse, « c'était un homme à haute taille, figure vénérable et vénérée... à peu près tous les jours non empêchés, il allait célébrer la sainte messe à Notre-Dame de Gironde... » Retiré à Calvance en 1832, il y meurt le 22 février 1833 à l'âge de soixante-seize ans. Michel Delclaux fut remplacé par Louis Vayre, originaire de La Cam, paroisse de Livinhac -le-Bas. Vicaire auxiliaire de son prédécesseur en 1831, il signe pour la première fois curé d'Agrès le 20 juin 1832, et meurt le 11 novembre 1837, âgé de trente-cinq ans. « II est mort, dit le Livre de paroisse, de la mort des justes; il était rempli de piété, ayant toutes les vertus sacerdotales au plus haut degré, et ayant laissé à peine de quoi se faire enterrer ». Le successeur de Louis Vayre fut Jean-Antoine Romiguière, né à Flagnac vers novembre 1798. Vicaire à Najac 1824-1831 ; curé de-Saint-Martin de Bouillac 1831-1837; ensuite d'Agrès quatorze mois seulement, par suite de la rivalité existant alors entre Flagnac et Agrès, notre population ne voulant pas admettre un curé originaire de Flagnac. Prêtre de la Compagnie de Saint- Sulpice à Paris 1839-1840. Revenu dans le diocèse, il est nommé curé de Floirac où il meurt le 22 août 1853. Et voici, avec, l'abbé Jany, curé d'Agrès quarante quatre ans et neuf mois, le record des pasteurs de la paroisse. Né le 2 septembre 1809 à Fréjamajoux, paroisse de Saint-Hilaire. Il convient de mentionner que Pierre-Jean Durand, curé de Saint-Hilaire en 1788, ayant refusé de prêter serment, fut arrêté la nuit du 15 décembre 1793 par trois ou quatre révolutionnaires de sa paroisse au village du Bruel dans une étable où il passait la nuit, guillotiné sur la Place du Bourg, à Rodez, le 17 décembre 1793, à l'âge de cinquante-trois ans. Foy Séguret, sa paroissienne, propriétaire de la maison où fut découvert ce généreux martyr, fut exposée sur l'échafaud, déportée et dépouillée de ses biens. Antoine Jany fut vicaire à Najac de 1834 à 1839. II avait deux frères prêtres : François, vicaire à Firmy, curé de Rulhe, Roussennac, Aubin de janvier 1833 jusqu'à sa mort le 10 mars 1865; Auguste, vicaire à Moyrazès, curé de Carcenac, d'Auzits de 1843 à son décès le 25 août 1852. Antoine Jany fut nommé curé d'Agrès le 14 mars 1839. Il fut un bâtisseur. Des deux bâtiments qui forment le presbytère, il fit réparer l'un et démolir l'autre qui servait d'écurie et de grange pour en faire le logement actuel. Le 1er juillet 1852, le Conseil de Fabrique projette l'agrandissement de l'église insuffisante pour contenir la population dont une partie entend les offices dehors. De plus, les deux chapelles latérales tombent en ruine. On décide d'agrandir l'église en la coupant par le milieu, faisant de la chapelle de gauche le sanctuaire nouveau et de celle de droite la nef de l'église, en l'agrandissant et en l'élargissant. Le 17 novembre 1854, François Jany, curé d'Aubin, bénissait la nouvelle église. Le curé d'Agrès fit aussi effectuer divers travaux à la chapelle de Gironde. Antoine Jany mourut le 13 décembre 1883, âgé de soixante-quatorze ans. Son successeur fut Auguste Antérieu. Aîné de neuf enfants, né au Soulié paroisse de Montignac, le 10 octobre 1846. Prêtre le 7 juin 1873. Vicaire à Saint-André de Najac, à Najac, à Notre-Dame de Villefranche et à Saint-Amans de Rodez, nommé curé d'Agrès le 19 décembre 1883. L'unique cloche s'étant cassée l'année suivante, l'abbé Antérieu en fait installer deux. Mais c'est surtout la chapelle de Gironde qui sollicite son zèle. Minuscule et délabrée, il la refait à peu près entièrement et l'agrandit notablement. Ses anciens paroissiens qui l'ont vu à l'œuvre savent qu'il fut le restaurateur inlassable du pèlerinage de Notre-Dame. En février 1895, Auguste Antérieu est nommé curé de Saint-Cyprien, démissionne en septembre 1921, et meurt le 23 novembre 1923, à l'âge de soixante-dix-sept ans. Il est remplacé par Blaise Pouget, né à La Borie, paroisse de Gramond, le 26 avril 1854. Surveillant au Petit Séminaire de Saint-Pierre 1878-1879; vicaire à Saint-Amans-Salmiech 1879-1881; à Saint-Cyrice de Rodez 1881-1884; à Decazeville 1884-1888. Curé de BéteilIe 1888-1895. Nommé curé d'Agrès le 29 janvier 1895. Il fait exécuter des peintures décoratives à la voûte de la chapelle de Gironde. En 1907, agrandissement du cimetière. A la guerre de 1914-1918, vingt-deux soldats de la paroisse morts pour la Patrie. L'abbé Pouget démissionne le 29 mars 1925, se retire à Gramond où il meurt le 29 août 1929, âgé de soixante-quinze ans. Le départ de Blaise Pouget et l'arrivée du successeur sont presque simultanés. Auguste Bourdoncle, né à Graissessac (Hérault), le 1" juin 1886. Ordonné prêtre le 10 juin 1911. Vicaire-instituteur à Prévinquières de Rieupeyroux et à Sainte-Eulalie du Cernon 1911-1914. Mobilisé décembre 1914 - mars 1919. Vicaire à Saint-Affrique le 31 mai. Nommé curé d'Agrès le 27 mars 1926, prend possession de la paroisse le 31. Laissée inachevée en 1854, l'église est terminée en 1928, en élevant les murs de la chapelle de la Vierge à la hauteur du reste de l'édifice. Dans sa séance du 8 juillet 1937, la Société des Lettres, Sciences et Arts de l'Aveyron admet l'abbé Bourdoncle au nombre de ses membres. Bénédiction d'une cloche, le 30 avril 1939 en remplacement de celle fêlée en 1938. Quelques mois après son installation, elle annonce la mobilisation de la seconde guerre mondiale qui coûte deux victimes à la paroisse. A la chapelle de Gironde, restauration des vitraux, des peintures murales et de la toiture. Le 1er novembre 1951, bénédiction du nouvel agrandissement du cimetière. Un événement d'une particulière importance pour le pèlerinage mérite une mention spéciale; c'est le changement de propriétaire de la chapelle de Gironde : « Le Conseil d'Administration de la Diocésaine de Rodez, dans sa séance du 20 octobre 1948 a accepté l'offre d'apport que lui a faite Monsieur Panassié demeurant au château de Gironde, près du Port d'Agrès. De la chapelle du château de Gironde avec tout son contenu, les alentours de la chapelle nécessaires au pèlerinage, les servitudes anciennes et accoutumées, et notamment l'usage des deux chemins d'accès à la chapelle ». Tel est le résultat des pourparlers discrètement et amicalement échangés entre l'abbé Bourdoncle et Monsieur Hugues Panassié. C'est la fin légale des différends qui ont maintes fois surgi entre les seigneurs de Gironde et les curés d'Agrès. Depuis longtemps vassale du château, Notre-Dame est devenue, par l'insigne générosité du châtelain, la Suzeraine d'une chapelle dont elle est, depuis des siècles, la Madone vénérée et très aimée.
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