CHAPITRE II

 

Le Château de Gironde

 

La Féodalité

 

Le régime féodal fut une nécessité de salut national, le régime de protection du faible par le fort, réclamé par le peuple lui-même qui y trouva un secours contre l'ennemi, l'assurance de sa subsistance, la sécurité de son foyer. Sans doute, faut-il regretter la fréquence des guerres privées et les excès de certains seigneurs. Quelle est l'institution humaine qui n'a pas ses inconvénients? Nos régimes politiques les plus modernes sont-ils entièrement à l'abri des abus? Un établissement féodal est toujours justifié à l'origine par les services que seul il peut rendre; la déchéance de son droit commence au jour où les abus passent ses pouvoirs.

Les châteaux féodaux caractérisent assez bien le régime social des Xe, XIe et XIIe siècles. Pour se défendre, il faut d'abord se fortifier. Du haut de sa montagne rocheuse aux pentes escarpées et parfois inaccessibles, presque isolé des hauteurs voisines, le château de Gironde donne une idée de ces nids d'aigle, d'où les seigneurs de jadis étendaient leur autorité sur les contrées d'alentour, dans ces temps de luttes fréquentes où l'on avait à se garantir contre des attaques souvent imprévues. L'expression castrum que lui donnent les vieux documents, désigne Le domaine relevant du château et englobe les demeures groupées sous sa protection. Le guetteur découvrait-il au loin une invasion de brigands ou d'ennemis, au son de la cloche il donnait l'alarme, et chacun de se réfugier dans l'enceinte murée du château.

« II paroist qu'en ce mesme temps, on avoit basti diverses loges aux environs du chasteau qui confrontent avec la chapelle... comme ne pouvant tout le monde se loger dans ledit chasteau ».

 

Sous la dépendance de la Baronnie de Saint-Santin.

 

A l'extrême limite sud-ouest du département du Cantal, se trouve une petite localité composée de deux paroisses dont les églises ne sont séparées que de quelques pas. Saint-Santin, nom de cette localité, est dit Saint-Santin-de-Maurs pour la partie du territoire auvergnat, et Saint –Santin -d'Aveyron pour la partie dépendant du Rouergue. Le premier représente ce qui constitue la paroisse Notre-Dame, et le second ce qui constitue la paroisse Saint-Pierre.

Avant la Révolution, il y avait à Saint-Santin une baronnie qui englobait les deux villages. Son siège, au XVIIIe siècle, était au château de Lafon, sur la paroisse Saint-Pierre, c'est-à-dire en Rouergue. Mais précédemment, il avait été à Saint-Santin même. Un acte de 1284 passé devant Raymond Bernard, notaire, situe le château sur la paroisse Notre-Dame. D'après la tradition, il se trouvait en face de l'église actuelle du Rouergue. Il n'en subsisterait qu'une cave sur laquelle & été construite une maison particulière. A la place du chœur de l'église d'Auvergne, il y aurait eu un cellier dépendant du château.

 

En 1656, le château de Saint-Santin existait encore car, le 18 juin de cette même année, un paysan des environs, Jacques Najac, du Teyrac, y fit son testament devant Ramondies, notaire.

La baronnie de Saint-Santin s'était principalement développée vers le nord. Au sud, le Lot avait dû être un obstacle à son extension au-delà de la rivière. Elle a appartenu au XIIIe siècle, à la famille de Calmont d'Olt; au XVe, à la famille de Castelnau; au XVIe, à la famille de Clermont-Lodève ; au XVIIe, aux familles d'Apcher et de Crussol d'Uzès; au XVIIIe à la famille Dufau.

Le plus ancien seigneur de Saint-Santin connu est de la famille des Calmont d'Olt, originaire du château de ce nom qui domine Espalion. II s'appelait Guillaume de Calmont. C'était un personnage important, à en juger par ses titres et le nombre de ses possessions. En 1226, il fit hommage au roi Louis VIII pour ses terres et châteaux de Calmont, Saint-Santin, Montpeyroux, Castelnau de Mandailles, Saint-Côme, Sévérac, Cruéjols, Roquelaure, Belvezet, Saint-Chély, La Roque, Méallet, Parlan et Sousceyrac.

La châtellenie de Gironde était également sous la dépendance de la seigneurie de Saint-Santin, sa plus proche voisine. Le lecteur trouvera plus loin quelques hommages ou promesses de fidélité du vassal au suzerain rendus aux seigneurs de Saint-Santin par les seigneurs de Gironde.

 

Les seigneurs de Gironde.

 

 

1° Arnauld de Gironde. Le nom de Gironde se lit dans une charte sans date du Cartulaire de Conques (1), mais dont la teneur lui assigne la fin du XIe siècle ou le début du XIIe. Un certain Hugues Bérenger y fait au moine Gaucelme et à Bégon abbé de Conques (élu en 1087 et remplacé par Boniface en 1107) un emprunt de 422 « sous melgoriens » dont il se porte garant et dont se portent caution Hugues, Bernard et Rigaud de Moret, Arnauld de Gironde, Dieudé Pierre et son fils,

Dans les actes antérieurs au XIe siècle, les membres des familles les plus distinguées, connues depuis sous le titre de familles nobles, prennent un nom simple, sans aucune qualité. Au début du XIIe siècle, l'usage des familles nobles de prendre le nom de leur château ou de quelque fief était généralement établi, et c'est dans les actes de ce siècle ou de la fin du précédent, qu'on commence à trouver les noms des maisons qui jouirent, dans la suite, des prérogatives de la noblesse.

La famille de Moret mentionnée dès 962 et 990 dans diverses chartes de l'abbaye de Conques faisait sa résidence au château de Pagas, paroisse de Flagnac, ou au château de Montarnal, sur le Lot, autre terre de leur domaine, et dont la chapelle était annexe de Notre-Dame d'Aynès.

Les Pierre (Petri), en langue occitane Peyre, ou de Peyre le plus souvent, étaient seigneurs du château de La Salle (Decazeville).

Ainsi les noms d'Hugues Bérenger, de Moret et de Peyre ont été très anciennement portés par des familles nobles du Rouergue. Mentionné au même rang, le nom d'Arnauld de Gironde permet d'avancer qu'il y eut à Gironde, à une époque lointaine, une famille noble qui en était originaire et qui en prit le nom. Elle ne s'y maintint pas longtemps, et au XIIIe siècle, elle avait disparu. Notons qu'en 1243, le château de Murat, près Maurs, appartenait à une famille de Gironde.

            .

2° La famille Escaffre. - Un inventaire détaillé des archives du château de La Roque rédigé au XVIe siècle par Jean Héliès, notaire de Bouillac, mentionne un acte de 1332 par lequel Huc La Carrière, habitant de Maurs, reconnait avoir acheté à Guiral Escaffre, damoiseau de Gironde, diocèse de Rodez, des cens ou revenus levables sur Saint -Constans (Arch. dép. E 255, 1e  section, Z 4).

 

La famille dont il s'agit était, semble-t-il, établie à Gironde à une époque plus reculée. Un accord conclu en 1275 entre le comte de Rodez et quelques seigneurs de la région d'Aubin (1) signale Bertrand d'Aldoin, Pierre de Vasillac, Pierre de Seguy que d'autres textes permettent de rattacher à Pagas, Boisse et Flagnac, Guibert de Montmurat dont la famille dominait sur une partie de Livinhac, et enfin un Escafre qualifié de damoiseau, établi d'après le contexte, dans la même région, et qu'on peut situer très probablement à Gironde, puisque, cinquante ans plus tard, on y trouve un seigneur du même nom.

Mentionnée à Gironde fin XIIIe siècle et une bonne partie du XIVe, la famille Escafre signalée plus tard au Trioulou, diocèse de Saint-Flour, et au château du Peyrou entre Flagnac et Agrès fut remplacée au château de Gironde par la famille Bertrandi.

 

3° La famille de Bertrand. Bégon de Bertrand était, en 1363, seigneur du château de Murat-la-Rabe (Murato ­lo Rabo), paroisse de Saint-Etienne de Maurs. Il fit hommage à Jean de Castelnau baron de Saint-Santin en 1370. Un acte du 29 août 1375 mentionne noble Bec (ou Bégon) de Bertrand du lieu de Maurs, et un autre du 3 juin 1386 le nomme seigneur du château et de la châtellenie de Gironde c'est donc entre ces deux dates qu'il a dû acquérir la seigneurie de ce nom.

 

(1) Bosc, Mémoires... p. 403-404.

 

C'était un personnage considérable; il est, en effet, qualifié à plusieurs reprises de « bailli de Rodez ». Or, un bailli exerçait tous les pouvoirs politiques, administratifs, financiers, judiciaires, militaires que le roi lui-même possédait dans son royaume. En 1349, le Rouergue comptait 16 bailliages. Par sa situation et avec les troubles de cette époque, celui de Rodez devait être le plus important.

Le seigneur de Gironde exerça les fonctions de bailli de Rodez en 1386, 1387, 1388 et 1389 (1).

Plusieurs de ses jugements ont été conservés. En voici un, digne de la sagesse de Salomon. Le 29 août 1386, comparaissent à son tribunal deux femmes dont l'une avait insulté le fils de l'autre, et celle-ci froissée l'avait provoqué en duel en lui jetant sa coiffure ou « chaperon ». Bégon de Bertrand décida que l'insulte de la première et la provocation de la seconde étaient sans importance, et il renvoya les deux parties en les condamnant solidairement aux dépens (Arch. dép. G. 485).

La gestion financière était alors particulièrement lourde à cause des invasions incessantes des Routiers ou bandits armés qui pillaient le pays et des subsides qu'il fallait lever pour les repousser. Au cours de l'année 1387, il traite, pour des règlements de comptes avec Guillaume Cocural, receveur des contributions votées par les trois états (Arch.dép. G 1526).

Deux documents nous le présentent dans l'exercice de ses fonctions militaires. Il était ordonné de tenir sur pied, en Rouergue pour la défense du pays 220 hommes d'armes en sus de ceux que devait fournir pour ses terres le comte de Rodez; ce nombre fut ensuite réduit à 190.

 

(1) On voit la signature et le sceau de noble Bégon de Bertrand sur un acte sur parchemin du 22 novembre 1387 (Arch. dép. C 1526).

 

 

La revue de ces hommes d'armes dont 4 chevaliers et 186 écuyers fut passée devant noble Bec Bertrand, écuyer, seigneur de Gironde et bailli de Rodez délégué par les trois gouverneurs remplaçant le comte d'Armagnac les 2, 3 et 4 décembre 1386 à Espalion, Bozouls, Marcillac, Villeneuve et Parisot. Autre revue de 4 chevaliers et 186 écuyers passée à Clairvaux, Villeneuve, Peyrusse et Maleville devant Bec Bertrand, le 4 février 1387.

Le 26 mars 1390, il est témoin à l'évêché (in camera paramenti) de l'hommage rendu à l'évêque par jean Vigouroux, marchand de la Cité, pour lui et comme procureur de Dorde Vigoureux son cousin au sujet de redevances (Arch. dép. G 573).

Bégon de Bertrand est simplement qualifié de « damoi­seau, seigneur de Gironde » dans un acte de 1391 où conjointement avec sa sœur Delphine, veuve de Guillaume de Lévi, chevalier, seigneur de Salles-Comtaux (Salles ­la Source), il achète à un certain Castel de Vassal, le mas de Recoules, près de Rodelle (1).

Le 13 décembre 1393, hommage de fidélité de Bégon I de Bertrand à Jean I de Castelnau de Calmont. Il reparaît une dernière fois dans une reconnaissance du 11 mars 1407 avec noble Aygline de Ceyrac, sa femme, fille de Pierre et de Barésie de Cornac. Devenue veuve en 1408, elle fit hommage à l'évêque de Clermont pour le château de Murat-la-Rabe. En 1428, elle habitait le château, de Brandalac, paroisse de Saint-Santin de Rouergue.

Pierre de Bertrand, son fils, est présent, le 5 novembre 1399, au compromis passé entre l'abbé de Conques et l'évêque de Rodez (Arch. dép. G 411, folio 12). Le 31 mars 1419, il cède à perpétuité à noble dame Delphine Oth ou Otha dame du château de Camboulit, tous ses droits sur Miers, Camboulit, Roquefort, etc., en considération des bienfaits ou services qu'il en a reçu (Arch. du Lot, F 450). Ce Pierre de Bertrond avait épousé noble Jeanne de Cornac, seigneuresse du château de Murat-­la-Rabe. Il eut d'elle plusieurs fils dont deux sont simultanément mentionnés dans un acte du 15 août 1427; peut-être faut-il en voir un troisième dans un certain « Jean de Bertrand, moine du monastère de Figeac », présent à un acte passé le 18 avril 1440 par Bégon son frère.

 

 

(1) DE BARRAU, Documents historiques et généalogiques, III, p. 197.

 

 

 

Bégon II, fils de Pierre et de Jeanne de Cornac devait, à leur mort, posséder la seigneurie de Gironde, tandis que celle de Murat-la-Rabe était destinée à son frère Guillaume; mais il ne put jouir réellement de son fief, qu'après beaucoup de difficultés.

Dans l'acte de fondation de la chapellenie de Gironde, le 5 mai 1428, Bégon dit qu'il fut « expulsé de son château de Gironde pendant huit ans, au cours desquels il combattit dans les guerres funestes et sanglantes d'Italie ». C'est par un acte du 15 août 1427 qu'il fut mis en possession du manoir paternel et, d'après ce document, il en avait été dépossédé par « noble et puissant Antoine de Castelnau » qui avait fait occuper et retenir le dit château à sa place, par crainte des ennemis, pour que le pays n'eût pas à souffrir de son jeune âge. II fut donc expulsé en 1419, probablement parce que son père Pierre venait de mourir.

Les mœurs de l'époque expliquent cette expulsion. Les seigneurs de Gironde étaient vassaux des barons de Saint-Santin à qui ils rendaient hommage et juraient fidélité. « Tout suzerain avait originairement le droit de reprendre le fief à la mort du vassal, et on conçoit facilement que dans les premiers temps de la féodalité, plusieurs suzerains aient usé de leur droit à la rigueur, et en présence d'un héritier mineur soient rentrés en possession de leur fief. Ce droit absolu disparut peu à peu... Il fut admis qu'en cas de minorité, le seigneur reprendrait le fief que provisoirement et qu'il le détiendrait jusqu'à la majorité du mineur » (1)

Le Rouergue était alors extrêmement troublé par suite de la longue division des Armagnacs et des Bourguignons. Profitant de ces luttes intestines, les Anglais renouvelaient leur attaque. En 1418, ils avaient envahi notre province. Le château de Gironde risquait de tomber entre les mains de quelque bande audacieuse.

Expulsé de son château, Bégon II de Bertrand partit en Italie. Certains comtes du Rouergue portèrent leurs armes à Florence et à Gènes en Italie et embrassèrent avec chaleur les querelles des ducs de Milan et des rois de Naples. Chaque parti confiait ses intérêts à des bandes de mercenaires, conduites par des capitaines de fortune, et qui se mettaient au service du plus offrant. C'était une bonne occasion pour tous les nobles ruinés qui ne voulaient pas déchoir. Bégon mena en Italie une vie d'aventures pendant huit ans.

Revenu chez lui à vingt-cinq ans, il demanda la restitution de son château à Antoine de Castelnau. Il fallut l'intervention de la nièce du baron de Saint-Santin Bour­guine Guillem de Clermont-Lodève pour obtenir gain de cause. Bégon dut fournir des garanties pour l'avenir.    « Sur sa demande », dit l'acte du 15 août 1427, son frère Guillaume s'engagea « à fortifier et à défendre pendant trois ans contre tous les ennemis le château de Gironde ».

 Le nouveau seigneur promet de payer au baron de Saint-Santin, pour le dédommager des dépenses que lui a nécessitées la garde de son château « cent moutons d'or de la marque du roi de France »; à cette époque, le mouton d'or équivalait à trente sols.

 

 

(1) Paul VIOLLET, Précis de l'histoire du droit français, I, droit privé, p. 454.

 

Le 3 juin 1433, Bégon Il de Bertrand « bailhe à nouveau cens à maître Ramond de Murassons prêtre et Jean de Romégous du village del Vinhal » un cazal et un patus joignant, assis aux faubourgs de Gironde... confronte avec la rue publique par laquelle on va de la chapelle vers le fossé, moyennant 10 deniers tournois ».

Bégon II de Bertrand eut pour fils Jean, Nicolas et Bégon. Les deux derniers reçurent les ordres sacrés en 1461 (Arch. dép. G 104, folio 63°°) ; ils sont mentionnés prêtres l'un en 1492 et l'autre en 1499. En 1475, Jean seigneur de Gironde rend hommage au baron de Saint-Santin. Le 27 novembre 1479, il fait hommage de sa châtellenie de Gironde et de diverses possessions dans les paroisses de Saint-Santin, Fournoulès, Saint-Constats, Saint-Julien-de-Piganiol, Flagnac et Agrès à Jean H de Caylus de Castelnau de Calmont.

Jean de Bertrand vendit une partie de ses droits, lesquels furent rachetés par son frère Nicolas. Celui-ci, en 1508, céda l'entière terre de Gironde à Guyon de Castelnau-Bretenoux qui la vendit à Gaucelin de Marcilhac seigneur de Boisse. Ce dernier la céda, le 26 octobre 1509, à son neveu Gailhard de Marcilhac seigneur de La Bastide-Capdenac qui testa le 8 mars 1564 et dont la veuve Anne d'Arpajon représentait les droits au nom de ses enfants.

Celle-ci, d'une part, avait à se défendre contre François et Antoine de Bertrand, fils de Jean de Bertrand, appuyés par leur frère Denys (acte du 18 décembre 1565) qui réclamaient les droits en vertu de l'origine primitive. Mais elle-même réclamait, d'autre part, contre Guyon de Castelnau et contre Jean de Bouisson seigneur de Mirabel qui avait été le lieutenant de Gaucelin de Marcilhac, et Antoinette fille du dit Gaucelin, et avaient dû tous deux conserver des droits ou des prétentions sur ces droits.

« Les fils de Jean de Bertrand avoient été desjettés de leur chasteau et de leurs terres par le seigneur de Clermont de Châteauneuf qui leur enleva tous les meilleurs tiltres soubs préteste d'un acte extorqué par vim et metum (par la force et la crainte) par le dit seigneur de Clermont en 1512 ». Au cours de toute cette affaire, il s'agit d'emprunts déguisés, d'engagements partiels, autant d'actes alors très courants.

Un arrêt du Parlement de Toulouse du 17 mars 1567 casse les actes de 1508 et de 1512 de tout ce qui a été fait pendant le temps que les de Bertrand furent hors de Gironde, et condamne Anne d'Arpajon veuve de Gailhard de Marcilhac à délaisser la place et seigneurie de Gironde à François et Antoine de Bertrand, moyennant remboursement de 2.750 livres du prix d'achat de 1509 (Arch. dép. de la Haute-Garonne, B 60, folio 333v°-334).

Antoine de Bertrand, par testament du 8 décembre 1575, lègue à son frère François une rente annuelle de produits en nature, et fait héritière son épouse Claude de Colon.

 

4° La famille de Felzins. - Devenue veuve, Claude de Colon se marie avec Gaspard de Felzins, seigneur de Gironde, fils de Ponce de Felzins seigneur de Montmurat, en Auvergne, lequel avait épousé, le 15 décembre 1591, Jeanne de Salhians.

A, la mort de Claude de Colon, Gaspard s'allie, le 10 septembre 1623, avec Marguerite de Monthanar dont il eut notamment Gaspard, 2e  du nom et Christophe.

Gaspard II épouse Catherine de Gausserand, et Chris­tophe Marie de Masbou fille de Guillaume, secrétaire de la chambre du roi et son conseiller au siège présidial de Villefranche.

Christophe eut avec Pierre Boyer prieur d'Agrès de longs démêlés au sujet de la chapelle de Gironde; peu de chose, en comparaison de l'incendie du château.

Le 28 novembre 1676, Jean Calmette, procureur du seigneur de Gironde, comparait devant Jean Delestournel, conseiller du roi et juge de la ville et juridiction de Fons près Figeac. Il déclare que Christophe de Felzins « estant au moys d'aoust dernier à la ville de Tholoze pour la poursuite des procès qu'il a en la souveraine Cour de parlement de lad. ville, ses ennemis, en haine desd. procès, auroient taché de luy faire plusieurs injures et se seroint jactés dans divers lieux de le ruyner et le réduire lui et sa famille à la mandicité, et des parolles seroinct veneus aux effetz, ayant led. 12 du moys d'aoust, sur les 9 heures du soir, mis ou ayant fait mettre le feu a son chateau de Gironde ». On pense communément qu'il devait remon­ter au XIe siècle. L'incendie, d'après le déposant, fut si grand, que deux corps de logis, une grosse tour servant de donjon, une autre tour se sont embrasés avec tous les meubles, titres, documents, denrées, ainsi que les meubles et papiers appartenant à Guyon-François, frère de Christophe, parti en Lorraine au ban convoqué l'année 1674.

Le 28 janvier 1677, à la réquisition du seigneur de Gironde, une commissaire vient faire l'enquête. Des cinq étages du château il ne reste que des murs « gâtés », les chambres et la toiture ont disparu, le pavé de la grande salle a été enfoncé, pas de trace du donjon à cinq étages, un amas de pierres et de tuiles. Seuls, ont échappé au désastre, « la cuysine, les fours, et une petite chambre appelée communément la chambre des prêtres, à cause qu'elle servoit du temps de la guerre des religionnaires pour la retraite du curé et prêtres de la paroisse d'Agrès et pour le prêtre qui faisoit le service dans la chapelle qui est dans la cour du chatteau ».

Les travaux de remise en état furent activement poussés, et fin mai, on « accommodoit la tuile et les croisières et demy-croisières ». Le château actuel, en grande partie, ne date guère donc que de cette époque, indépendamment des modifications apportées à l'intérieur.

Christophe de Felzins eut de Marie de Masbou six enfants, notamment Antoinette, François et Antoine.

Antoinette entra au couvent de Saint-Projet, Ordre de Saint-Augustin, diocèse de Saint-Flour, d'où elle adressa à son père la lettre qui suit :

« De St-Projet ce 10 may 1680. Monsieur mon très honnoré papa. Jay voleu me donner lhonneur vous escrire pour vous offrir la continuation de mes très humbles respects et pour vous dire que le desir que je vous temoinia de vouloir quiter le monde aumente tousjours et me donne un desir tres pasioné de prendre bientost labit de religiese. Cela ne tient qua vous monsieur de faire que bien tot je mete en exécution mon desir : ma tente ma tesmoynié le désirer; je vous demande donc cete grace et cele de croire que je seré toute ma vie avec un profont respet Monsieur mon tres honnoré papa avec vostre permission vostre tres heumble et tres obéissante fille et servante; jasure de mes respects mademoiselle ma tente ».

Le 20 juin 1681, Gabrielle de Gausserand, supérieure du couvent de St-Projet reçut de Christophe de Felzins seigneur de Gironde son neveu mille cinq cent livres en louis d'or

 « et autre bonne monnoye » pour l'entrée en religion d'Antoinette fille de Christophe.

Son frère François fut prêtre le 19 septembre 1699(Arch. dép. G 255, folio 44v°).

Antoine, se marie à Aurillac le 7 septembre1694, avec Marguerite de Mirabeau qui lui donna Marie-Eulalie et Catherine.

5°  La famille Delolm. - Le 17 novembre 1720, Jean-Baptiste Delolm, fils de Pierre viguier d'Aurillac et d'Eulalie de Béraud, épouse à la chapelle de Gironde Marie-Eulalie, fille de Christophe de Felzins, dont il eut :

Pierre, comte de Gironde, baptisé le 24 février 1722, capitaine au régiment royal - dragons, chevalier de Saint‑Louis, marié à Antoinette-Cécile-Marie d'Arberg de Vallengin, comtesse du Saint-Empire qui le rendit père de :

Maximilien-Nicolas de Felzins, comte de Gironde, né au château de Gironde le 12 juillet 1757, marié à Eléonore-Maximilienne-Dieudonnée de Fusco de Matalorry.

Maximilien-Nicolas eut d'un second mariage avec Marguerite Cluses :

Auguste, habitant à Gironde,

Maximilien-Nicolas-Michel, lieutenant au 2' régiment de dragons,

Joséphine, mariée à Maurs.

Auguste, épouse Françoise Delor, dont il eut Théodore-Clément, baptisé le 10 avril 1837, marié le 6 février 1872 avec Clara Maurs dont une fille :

Praxède-Marie-Antoinette, baptisée le 15 juin 1873.

Le 11 juin 1907, devant Me Joseph Rigals, notaire à Saint-Constans (Cantal), Clara Maurs, veuve du vicomte Théodore de Felzins de Gironde et Praxède sa fille ont vendu le château et la propriété de Gironde à Louis Panassié. Né à Decazeville le 26 juin 1860, ingénieur civil des Mines, Conseiller Général de l'Aveyron, maire de Livinhac-le-Haut, chevalier de la Légion d'Honneur, wdécédé à Paris le 12 décembre 1928; a été, selon son désir, inhumé à Gironde.

Son fils, Hugues, bien connu dans la musique de jazz, a revendu aux « Œuvres sociales des Administrations financières du département de Constantine » représentées par leur Président, M. Riva Stéphane, Inspecteur des Contributions diverses à Constantine.

Ce chapitre « Le Château de Gironde » devait prendre place ici. La chapelle de Notre-Dame a été propriété de ses seigneurs depuis les origines jusqu'en 1948 : il nous a paru tout indiqué de faire une mention particulière des anciens propriétaires qui, de temps immémorial, ont vécus dans le voisinage de la Madone de Gironde et légués leur piété mariale à toute la région.

   

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